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La Communauté Noire n'existe pas






Je sais que par les temps qui courent, une telle affirmation passe pour une véritable hérésie. Mais avant d’être condamnée au bûcher par l’Inquisition négro-afropolitano-kémite, j’aimerais expliquer pourquoi et comment j’en suis arrivée à commettre un tel sacrilège. Tout a commencé par un sentiment d’indifférence, puis de décalage et enfin de franc agacement face à la déferlante du « Malaise noir » en France. Une vague névrotique déclenchée il y a quelques mois, par la haine inexpliquée d’un Bourguignon à l’encontre de l’innocente tubercule qui donne à mon foufou sa saveur si unique. J’ai alors constaté avec effroi, que la représentation des Noirs à la télévision française était aussi importante pour moi que la température qu’il fait sur Mars, que je n’avais pas attendu la permission de la société française pour exister, puisque je suis visible depuis 1974, et surtout, chose étrange, que je n’éprouvais aucun malaise, alors que ma carnation est sens conteste de type négroïde. Est-ce grave docteur ? Gravissime ma petite demoiselle, vous ne présentez aucun symptôme du délire de persécution, aucune obsession de la "Francitude", aucune dépendance à la Négritude, aucun trouble de l’identité. Vous êtes sûre que vous êtes Noire ?

Parce que de nos jours, un Noir qui ne rêve pas d’une interview kamasoutra sur le plateau de Thierry Ardisson, c’est pas tendance. Un Noir qui aime le manioc, c’est carrément out. Un Noir qui ne se sent pas français c’est anti-républicain. Un Noir qui ne se plaint de rien c’est anti-communautaire. Un Noir qui ne sait pas réciter tout Cheik Anta Diop est un aliéné tout juste digne de porter le nom de la célèbre barre chocolatée, fourrée à la noix de coco.

En résumé, quand on est Noir en France on ne peut et ne doit choisir qu’entre Intégrationisme et Intégrisme. Seulement voilà, moi je ne me reconnais dans aucun de ces deux courants identitaires. Je ne suis ni Française ni Egyptienne, et n’ai aucune intention de le devenir. Loin de nier la véracité et la réalité du « malaise » dont souffre une frange de la population noire, je suis tout de même allergique aux généralisations du style « les Noirs de France », et carrément phobique aux porte-parole autoproclamés de la « communauté noire », qui me prennent en otage parce qu’ils ont accès aux médias. Alors j’ai décidé de prendre le problème à l’envers juste pour voir. A la question : Suis-je une renégate psychorigide, doublée d’une blédarde atavique, qui trahit la communauté noire ? La réponse a été : Mais au fait, c’est quoi la communauté noire ?

Commençons par le commencement. Qu’est-ce qu’une communauté ? Pour moi une communauté désigne un groupe de personnes, unies par une identité et une origine commune, poursuivant les mêmes buts, tant individuels que collectifs, animées par le désir de préservation et de diffusion de valeurs et de traditions qui leur sont propres, régies par la préférence donnée au groupe sur le reste de la société en termes de solidarité, mais aussi de mariage, de réseaux d’influence, d’opportunités économiques et d’engagement politique. On n’appartient pas à une communauté parce qu’on correspond à ses critères, mais parce qu’on les cultive. Appartenir à une communauté c’est un choix, une profession de foi.

D'où ma question à 1 million d'euro : les Noirs de France forment-ils une communauté ?

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Il y a Africains et Africains, Antillais et Antillais, Noirs et Noirs


Carnaval antillais de paris 2004
Carnaval antillais de paris 2004
© lajag.com





Déjà il y a Africains et Antillais. Jusque là rien à signaler puisque qu’au sein de la communauté juive, il y a , entre autres, des Ashkénazes (originaires d’Europe de l’est), des Séfarades (originaires du Maghreb) et des Falashas (originaires d’Ethiopie). La diversité des origines ne constitue donc pas un frein à l’appartenance communautaire. Là où ça se complique, c’est que les relations entre Antillais et Africains, qui en général se caractérisent, au mieux par une indifférence bilatérale, au pire par un mépris cordial, sont particulièrement limitées. Tout est bon pour garder ses distances et défendre sa boutique. D’une part ; la nationalité française, les ancêtres Bretons, une phobie de la misère africaine, une vieille rancœur causée par l’implication des Africains dans la traite négrière, et puis « qui vous dit que je suis Noir d’abord ? ». Et d’autre part : un sérieux doute sur l’équilibre mental des personnes appartenant à plus d’une race, une condescendance ironique envers l’aliénation de ces Français de seconde zone et une sainte horreur du fayotage. Bref, il faut bien le reconnaître, ce n’est pas le grand amour. Les différences d’origines, de mentalités, de parcours et d’aspirations, sont autant d’antagonismes qui ont pris le pas sur toutes les similitudes existant entre cultures africaines et cultures afro-caribéennes.

Mais si encore il n’y avait que ça, si la seule différence entre Noirs se résumait à une guéguerre entre Africains et Antillais, à force de bonne volonté et de dialogue, l’existence d’une communauté resterait jouable. Mais c’est sans compter sur l’illusion de la France universaliste et son piège républicain.

Le phénomène de l’immigration a crée des clivages culturelles et identitaires entre personnes de la même origine. Il y a la première génération de blédards, nés en Afrique subsaharienne ou dans la Caraïbe, venus s’installer en France pour des raisons diverses et variées, mais qui dans leur grande majorité, ont choisi de ne plus regarder en arrière. Ils ont immigré pour s’offrir une nouvelle vie et de nouvelles racines à leurs enfants. Ce qui différencie la seconde génération de la première ce n’est donc pas uniquement le fait qu’elle soit née en France, c’est aussi et surtout, la rupture dans la transmission culturelle, volontaire ou involontaire, induite par le nouvel environnement socio-économique, et motivée par des complexes culturels d’autant moins avouables qu’ils sont souvent inconscients. Au sein de nombreuses familles africaines et antillaises cohabitent donc des Lutonadio, des Akouavi, des Diallo, des Marie-christine, des Christophe, face à des Kimberley, des Jordan, des Jennifer, des Dylan, incarnant les rêves de modernité de leurs parents, comme ces héros des « feux de l’amour » et de « Berverly Hills ». Des familles où les parents parlent une langue aussi limpide pour leurs enfants que du chinois, petits néo-français qui arrivent à peine à situer le pays d’origine de leurs géniteurs sur une carte de l’Afrique, quand ils savent reconnaître l’Afrique.

Mais à quoi ça leur servirait après tout ? Ils sont Français non ? « Aaaaaah, ces enfants d’Europe là… », soupire avec un mélange de fierté et de fatalisme amusé, une mère face à sa fille qui la regarde manger un plat de bongo-tchobi avec un dégoût ostentatoire. Différences tolérées, acceptées voir cultivées entre parents du pays et enfants de France, différences ségrégatives entre « villageois » et Africains nés en France, dits « bounty »pour faire court.

Bon, on l’aura compris, pour l’origine commune on est assez loin du compte. Pour la préservation et la diffusion des valeurs et des traditions, on y réfléchira après le 3 000ième épisode des « feux de l’amour » et la finale de la Star Academy.

Afro-français, Franco-africains, Black de France, Négropolitains, Afropolitains.


Africaines du quartier de Belleville
Africaines du quartier de Belleville
© jack-travel.com





Attention ça se corse, il va falloir suivre. Avec le discours sur le « Malaise » ou le « Mal-être » des Noirs, réel et supposé, un nouveau vocabulaire identitaire à fait son coming out . Je suis « Afro-français », « Franco-africain », « Black de France », « Négropolitain », « Afropolitain ». J’ai même lu sur des forums, des expressions telles que « moi je suis internationale », « moi je suis citoyen du monde», suivant généralement d’impitoyables accusations de « bountisme », et précédant immanquablement une justification sur des choix de vie comme la mixité. Si on retire les Afropolitains, terme auquel je ne comprends strictement rien, j’avancerais que tous ces néologismes veulent dire en gros « je suis Noir, mais pas tout a fait » ou alors « je suis Noir, mais pas que ». Au fond, toute cette nouvelle rhétorique identitaire, exprime toute la difficulté que beaucoup de Noirs en France éprouvent à se situer par rapport à leurs origines réelles, leurs cultures d’adoptions, leurs choix de vie. Saupoudrez le tout d’une dose de culpabilité engendrée par la sensation de renier ses origines, la honte de ne pas savoir qui on est, ou qui on devrait être, et vous obtiendrez ces justificatifs identitaires.


Alors c’est compliqué, parce qu’on veut affirmer son identité noire, mais sans en être prisonnier, on ne veut pas être jugé par une communauté, mais on veut bien « en être » un petit quand même, parce que être Noir ça se voit malheureusement plus qu’être « internationale ». Alors pour justifier le fait qu’on ne soit pas un Noir « digne de ce nom » (confère Malcom X), on explique que c’est parce qu’on est aussi Français, qu’on a grandi en France… et qu’on est un peu différent… et qu’on préfère Jonnhy Halliday et Lorie… le cassoulet et le ski… voilà quoi…

« Tchiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip », répondra invariablement le Blédard, qui au fond vit son identité sans trop se poser de questions. « Vendu !!!!! », fulminera le néo-black panther, afro-enragé qui sévit sur le Net ou au sein de groupes prônant le retour aux valeurs d’une Afrique, dans laquelle il n’a jamais mis, et ne mettra certainement jamais les pieds.

Blédards VS Blacks de France VS Néo-black panthers : Pour l’identité commune ça va pas le faire non plus.

« Je suis Noir, un peu, beaucoup, à la folie, quand ça m’arrange »


L’une des 14 figurantes de l’exposition "Mariannes d'aujourd'hui" pour les célébrations du 14 luillet 2003.
L’une des 14 figurantes de l’exposition "Mariannes d'aujourd'hui" pour les célébrations du 14 luillet 2003.





Les Noirs de France ont fait ouvertement leur entrée dans le débat public grâce, d’une part à la rhétorique assimilationniste kelmanienne, qui fait le délice des médias français, et d’autre part, aux provocations antisémites, euh pardon… « anti-sionistes », tout aussi médiatiques d’un humoriste « universaliste » appelé Dieudonné. Ce qui est bien avec la Négritude et le communautarisme, c’est qu’on peut les décrier tout en les utilisant. Prenez le Bourguignon le plus célèbre de France par exemple, monsieur Kelman refuse, et c’est tout à son honneur, d’être catalogué en fonction de sa couleur de peau. Et pourtant il répond toujours présent lorsqu’il s’agit d’endosser l’habit de l’intellectuel noir sur les plateaux télévisés, et ne semble pas gêné outre mesure d’avoir été intronisé par ces mêmes médias, leader d’opinion de la communauté noire.

Quand au nouveau " Messie " de la jeunesse franco-africaine, le bien nommé Dieudonné, qui aujourd’hui se proclame « anti-communautariste », non seulement il n’a pas craché sur le soutien de la communauté noire, en tout cas de ceux qui s’en réclament, au plus fort des « affaires Dieudonné », mais il a en plus réussi le tour de force incroyable d’embarquer les Noirs dans une problématique qui leur était totalement étrangère jusqu’ici : l’antisémitisme. Parce qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, et sans que cela n’ait aucun rapport avec la choucroute, de nombreux Noirs se sont reconnus dans l’oppression du peuple palestinien. Ils ont enfin compris que s’ils ne trouvaient ni travail, ni logement, c’était à cause d’Ariel Sharon, qui soit dit en pensant est également responsable de l’esclavage, de la non représentation des Noirs à la télé et de la plomberie qui fuit. L’humoriste y a gagné un bouclier humain qui ne laissera passer aucun missile du Mossad, et surtout, l’assurance de jouer ses spectacles à guichets fermés.

Le moins qu’on puisse dire c’est que le « Malaise des Noirs » est un fond de commerce plutôt rentable pour certaines personnes. Mais à une toute autre échelle, la Négritude peut être utilisée avec tout autant d’ambiguïté, de circonspection, voir d’opportunisme. Combien de fois ai-je lu dans des forums houleux opposant Africains et Antillais, Noirs et Métis, des réflexions du type « Moi je suis pas Noir, je suis Créole », « moi je suis métisse, je suis fière de mes deux cultures », « j’ai des origines bretonnes, indiennes, chinoises, amérindiennes, mais je défends les Nègres (c’est vraiment trop d’honneur….)». Réflexions que l’on pourrai traduire par « je suis Noir, mais pas trop ». Le métissage et la créolité sont des réalités incontestables, mais la question que je me pose aussitôt est : Pourquoi venir les revendiquer sur des sites communautaires noirs ? Pourquoi les Créoles ne vont-ils pas sur des sites bretons, indiens, chinois pour revendiquer leur appartenance à ces cultures ? Pourquoi les Métis ne vont-ils pas sur des sites blancs, clamer leur fierté d’être aussi Blancs ? Peut-être est-ce parce qu’ils savent qu’ils n’en ont pas la permission…. Alors ils préfèrent croire qu’ils ont choisi le camp des Noirs, alors qu’en réalité ils n’ont pas le choix.

Bref, pour la profession de foi, la communauté noire devra attendre que la Négritude ne soit plus un simple gadget.

« Je suis Noir parce que je n’ai pas le choix »







Pour la plupart des Noirs vivant en France, l’identité noire se construit quelque part entre le désir d’appartenir à la société française, le rejet que celle-ci leur oppose, et l’impossibilité, voir le refus, de renouer avec la culture originelle, celle des parents. L’affirmation de l’identité noire se limite très souvent à répondre au racialisme conscient ou inconscient, haineux ou non, des sociétés occidentales. On est Noir parce que c’est ainsi qu’on nous voit et qu’on nous désigne. Ajouté à cela que cette dénomination est lourde de symboles, exacerbés dans les pays où la culture dominante est blanche, et on comprend que la « fierté noire » est rarement liée au contenu de l’identité noire, c’est-à-dire le morphotype, l’Histoire, la créativité et la richesse culturelle. C’est une affirmation réactionnaire, vindicative, compensatrice, consolatrice. Elle répond au besoin de se prouver à soi-même et aux autres quelque chose, elle trahit le plus souvent une grande fragilité identitaire. Jamais un Vietnamien ne dira qu’il est « fier d’être jaune », parce que pour lui être jaune est un fait. Alors que pour beaucoup de Noirs, être Noir est encore un acte de bravoure.

Lorsque je demande aux défenseurs de la communauté noire, la preuve de son existence, ils mettent en avant le racisme, la couleur de peau et le passé. Certes, tous les Noirs sont égaux face au racisme des Blancs, qui ne font aucune nuance entre les origines et les taux de mélanine, certes, en additionnant esclavage, traite négrière et colonialisme (et j’en oublie), on a tous trinqué. Mais la vraie question est : Est-ce que le mépris et le racisme peuvent suffire à se construire une identité, mieux une communauté ? Même question en ce qui concerne la couleur de peau et le passé. Si c’était le cas, ce n’est pas une communauté, mais une société civile noire internationale que les Noirs auraient créée. Parce que ça fait quand même plus de 4 siècles que les Noirs du monde entier subissent le racisme et l’oppression, au seul motif de leur couleur de peau. Il y a des communautés qui se serrent les coudes pour moins que ça. De l’avis même des sociologues spécialisés dans la psychologie des peuples, rien n’uni aussi durablement une communauté, que les persécutions, les exactions et les discriminations subies en raison de son identité, et la communauté juive en est l’exemple le plus abouti.

Or qui peut aujourd’hui dire que les Noirs en France sont solidaires sur ces critères, ou même solidaires tout court ? Ça fonctionne pour les autres peuples, mais pas pour les Noirs. Allez savoir pourquoi…

On veut passer à la télé !!!


La Négritude c’est comme la peinture, ça s’enlève et ça se remet
La Négritude c’est comme la peinture, ça s’enlève et ça se remet
© musée de l’homme





Alors que d’autres communautés, asiatiques et indiennes notamment, arrivées en France en même temps que les premiers immigrés africains et antillais, voir bien après, ont réussi à maîtriser les rouages économiques de leur pays d’accueil, ont réussi à créer des réseaux financiers puissants, des groupes d’intérêts incontournables, dont ils se servent pour promouvoir leurs propres cultures et investir dans leurs pays d’origine, les Noirs, eux, veulent passer à la télé. Aaaaah oui ! La télé, le carré magique ! Combien de Franco-africains attendent que la ménagère de moins de 40 ans leur accorde ce passeport pour l’intégration ? Parce que pour eux, passer à la télé, être vus, c’est être intégrés. La recrue Gentil qui parle de la taille de son sexe chez Cauet sur TF1, ça fait progresser l’image et l’intégration des Noirs, bien plus qu’un Noir anonyme et invisible qui possède une chaîne de magasins.

Pendant ce temps-là, à Château rouge et à Château d’eau, la quasi-totalité des secteurs d’activité et des marchés liés à la population noire (agro-alimentaire, esthétique, cosmétique, musique et spectacle) sont détenus pas des commerçants Asiatiques, Indiens, Maghrébins et Juifs. J’aurai beau crier au vol quand le vendeur chinois me donnera le prix d’un CD de Coupé-décallé, je l’achèterai à 13 €, et si je suis pas contente c’est pareil. Il a le monopole, et il a passé le mot à tous ses compatriotes pour que le CD ne se vende pas moins cher. Le jour où un Africain vendra des nems à un Chinois, je croirai à l’existence des Martiens.

Les Noirs n’ont aucune maîtrise sur leur propre économie, sur leur pouvoir d’achat ou la circulation de leur argent. Aucun réseau, aucun groupe de pression, aucun lobby. Qu’ils soient Franco-africains ou Blédards, ils représentent un marché dont tout le monde profite à part eux. Le coiffeur businessman Frank Provost va bientôt attaquer le marché du cheveu noir, et beaucoup de Noirs de France se feront un devoir de lui payer 100€ une bouteille de shampoing de 10ml, pour se prouver à eux-mêmes qu’ils sont bien intégrés.

Alors pour les buts collectifs, la solidarité, les réseaux d’influence, les opportunités économiques, autant dire qu’on s’en fout carrément.

Métissons nous !!!


Quand le cliché devient une réalité
Quand le cliché devient une réalité
© respectmag.net





Voilà encore un domaine où les Noirs déjouent toutes les théories sur la psychologie des peuples, dont la première caractéristique serait l’instinct de conservation. D’après la dernière édition de la Francoscopie 2005, publiée chez Larousse, les nationalités africaines représentent plus de 40% des mariages mixtes, soit plus que les mariages mixtes entre nationalités européennes. Et ce n’est pas juste une tendance ou un phénomène de mode, puisqu’en 1999 déjà la nationalité africaine représentait 42% des mariages mixtes ou étrangers, contre 37% pour la nationalité européenne. Bien entendu, les Noirs antillais ne sont pas compris dans ces statistiques, puisque de nationalité française, et les unions libres non plus. Mais ces chiffres sont suffisants pour avancer que les deux tiers des relations interraciales en France se nouent entre Noirs et Blancs.

Que signifie cette "soif de blancheur" si propre à la population noire ? Revanche raciale ? Complexe d’infériorité ? Passeport pour l’intégration ? Amour ? Même si on retient cette dernière hypothèse, et en admettant au préalable l’idée que l’amour est un concept totalement inconnu des communautés asiatiques et indiennes, aux pratiques matrimoniales endogames, c’est-à-dire intra-communautaires, en admettant cette idée donc, le résultat reste le même : les Noirs ont une propension toute particulière à aimer des partenaires, Blancs de préférence, en dehors de leur groupe ethnique. Au-delà des discours sur la « fierté noire », les faits, leur ampleur et leurs " signifiants " sur le plan symbolique et socioculturel, sont bien plus révélateurs. A l’image de ce cher Léopold Sedar Senghor, magnifier la beauté de la femme noire, est une chose, en épouser une, en est une autre.

La mixité est l’idéal, la voie royale vers l’intégration pour une grande majorité de Noirs vivant en France. Apologie, au plutôt dictat du métissage sous les habits de la tolérance, qui est aussi bien véhiculé dans les médias français que dans les médias communautaires. Quelque soit l’interprétation qu’on lui donne, c’est peu de dire que cette frénésie de métissage est incompatible avec la notion même de communauté. Le choix d’un partenaire n’est jamais anodin, le mariage est un rituel central de toute vie communautaire, car il permet de réaffirmer son appartenance à la communauté et à ses valeurs, à travers le jeu des alliances et la transmission générationnelle de son identité. Toujours d’après le Francoscopie 2005 , 16% des naissances en France en 2001, concernaient des couples mixtes. Une proportion très supérieure à celle des étrangers dans la population totale, qui n’est que de 6%. Si on prend en compte la bonne place qu’occupe les Africains sur le total de ces unions mixtes par exemple, on peut dire qu’au moins la moitié des enfants d’immigrés de la seconde génération ne sont déjà plus Noirs.

Alors pour l’endogamie… l’endoga quoi ??????

Le pathos noir


© france-avenir.com





Je vais y aller de ma petite psychologie de bazar. Ce que je retiens de ces débats sur le « Malaise noir », la « non visibilité », « l’intégration » (version politiquement correcte de « l’assimilation »), c’est qu’une grande partie des Noirs (je n’ai pas de chiffres désolée) veut être « vue », « reconnue », « acceptée », « aimée » par la société française, dans laquelle elle souhaite se fondre. Les termes du débat appartiennent à la rhétorique de l’acculturation. Ils traduisent une dépendance quasi affective à la culture blanche dominante, qui n’est pas sans rappeler celle du colonisé qui n’a jamais fini de se battre pour gagner l’estime du colon, de lui prouver qu’il est bon élève et qu’il mérite de lui ressembler. Le regard du Blanc pèse sur tous ses actes, la culture blanche est sa seule échelle de valeur, celle qui lui dicte la notion du Bien et du Mal.

Pourquoi les communautés asiatiques et indiennes ne réclament-elles pas la reconnaissance ou l'amour de la société française? Pourquoi ne recherchent-elles pas la visibilité ? Peut-être parce qu'elles ont compris que le respect se gagnait sur un tout autre terrain. Qu'il consistait avant tout à défendre sa culture et son identité, au lieu de mendier celles des autres. Leurs communautés sont organisées, auto-suffisantes et fermées. Et elles n'ont ni à s'en excuser, ni à s'en justifier.

Le Noir, lui, est le seul individu qui, en dépit de toutes les discriminations, ségrégations et exactions qu’il a subi, se fait un devoir d’être « ouvert ». Il se croit obligé de justifier son désir d’appartenir à une communauté, de s’excuser parce qu’il ne fréquente pas de blancs, de s’amender parce qu’il ne se sent pas Français, de se disculper de tout racisme, simplement parce qu’il désire préserver son identité. Mais le plus drôle, c’est que l’Inquisition ne vient pas de qui on croit. S'il doit se justifier, c’est d’abord aux yeux des autres Noirs.

Un comble, non ?

Je suis noire et j’aime le manioc

Je m’appelle Belinda Tshibwabwa Mwa Bay, j’appartiens à l’ethnie des Balubas, au clan des Bena Kaseki, et je suis de nationalité Congolaise. Je suis née et j’ai grandi en RDC (ex-Zaïre). C’est là que se sont construits mon identité, mon éducation et mes valeurs, c’est là que se trouvent mon histoire et mes racines, et que je vive en Sibérie ou en Patagonie ni changera rien. Je ne vois pas pourquoi le fait de vivre en France devrait m’obliger à me sentir Française, ni pourquoi cela devrait remettre en cause mon identité. Au fait, je ne vois pas pourquoi l’identité noire devrait toujours être problématique. Je respecte les choix, les affinités culturelles et les aspirations des uns et des autres, mais je refuse de devoir me justifier parce que je ne les partage pas, je refuse d’être l’otage d’une communauté noire qui ne me représente pas. Et je ne pense pas être la seule.

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